Une Suisse alternative où se côtoient humains, animaux et de nombreux représentants du «troisième genre», se relève lentement d’une vague inédite de terrorisme, ayant échappé de justesse à la destruction. Après leur coûteuse victoire contre les forces du mal, les membres d’une petite famille grandissante tentent de reconstruire leurs vies. Mais l’ennemi n’a peut-être pas dit son dernier mot. Ruminant de futures représailles depuis l’étranger, sa cible n’en reste pas moins le cœur du vieux monde. Un nouvel ordre est en marche, au cours duquel un mystérieux adversaire, pièce maitresse émergente sur l’échiquier géopolitique, pourrait bien tenter de tirer son épingle du jeu. Qui saura dénouer les liens de l’abominable machination planant de nouveau sur la Confédération? Restera-t-il seulement une place pour elle sur la carte du monde?
Balloo est l’un des héros du récit. Mais aussi l’aîné d’une ribambelle grandissante d’enfants. Et tous un peu particuliers. Doué de vie et de parole comme les nombreux autres «troisièmes genres» habitant la Swisse et le monde autour d’elle, il souffre de la séparation de ses parents et cherche un certain réconfort dans des activités alternatives et plutôt… répréhensibles. Toujours à la pointe du progrès, et dans un monde où PitPit, le service de micromessagerie est en passe de devenir aussi populaire que Mamelouk, l’ourson se retrouve encore une fois embarqué malgré lui dans une nouvelle aventure avec sa famille et d’autres créatures. En profitera-t-il enfin pour changer vraiment un peu cette fois-ci? Les paris sont ouverts!
Épris de musique électronique, Zébri est le frère de Balloo et le plus âgé après lui. Plus posé et tout aussi intelligent, il est un peu peureux, mais surtout envers les bandes de chats organisées du quartier. Malgré ses crises d’apnée du sommeil fréquentes, et parfois dans les endroits les plus inattendus, il fait souvent le lien entre son aîné et les deux plus jeunes dans ses moments d’éveil. La pause estivale voit le petit zèbre effectuer ses premiers pas comme disc jockey amateur, sous la férule d’un professionnel d’un côté et sous les yeux de son père de l’autre, et aussi pour se préparer à rejoindre la section de préparation au métier de platiniste-animateur nouvellement ouverte dans son école. Mais la foule grandissante qui succombe à ses enchainements torrides n’est-elle vraiment composée que d’admirateurs?
Touki, dit Touk-Touk, était le plus jeune avant l’arrivée de sa sœur et c’est d’ailleurs auprès de celle-ci qu’il passe le plus clair de son temps… et de son énergie. Sa personnalité s’est affinée, mais son français reste encore toutefois à améliorer. Il est loin d’être évident par contre que ses goûts musicaux naissants fassent l’unanimité ni sa nouvelle coiffure surtout! Le curieux volatile demeure cependant un compagnon d’aventure absolument indispensable, doté de surprenantes ressources, sans cesse plus sollicitées!
Elli, la curieuse, utilise un pseudonyme quand on la rencontre sur PitPit, mais la nouvelle venue dans la famille n’en reste pas moins aussi malicieuse qu’adorable, même pourvue d’un téléphone intelligent de couleur douteuse et un peu trop rutilant aux yeux de certains. Aventureuse, elle sait aussi faire preuve d’un courage peu commun chez les filles de son âge, parfois même téméraire, et d’une inlassable curiosité, accentuée sans doute par son exubérance naturelle. Quelle chipie pourtant! Bijoux, boys-bands en boucle et babillages béats font l’essentiel de ses journées, mais il y a peut-être encore de l’espoir pour elle. Peut-être.
Hans-Pierre, leur père, est toujours l’antihéros principal de notre histoire. L’ex-banquier a su se réorienter, ne serait-ce encore qu’avec un succès mitigé, mais il se prépare avec enthousiasme à sa nouvelle formation et à la reprise d’un magasin dans la foulée. Dans l’attente, il vit de petits métiers et compte sur l’un de ses fils pour attirer la clientèle, mais aussi, et surtout sur la technologie pour appâter de nouvelles conquêtes… au grand dam de ses enfants. Retrouvera-t-il un jour une vie stable? La destinée, et pas seulement, semble malgré tout encore une fois avoir d’autres plans pour lui…
Sigrid, la femme d’Hans-Pierre, la quarantaine entamée maintenant, est nostalgique du temps passé. Suite à la séparation de son époux, il lui faut à présent reconstruire sa vie après un passage chez ses parents. Elle a accepté officiellement la garde d’une partie de leur progéniture commune, mais n’en rêve pas moins d’un retour à la normale, et avec tous les éléments de la famille. Qu’en sera-t-il vraiment?
Armando fait depuis longtemps partie du cercle d’amis de la mère d’ailleurs. D’origines transalpines, il s’est installé à son compte comme garagiste. Il s’est aussi spécialisé dans la préparation d’autres véhicules et quoique Balloo ne veuille rien dire à ce sujet, et il a sûrement ses raisons, il n’en est pas moins satisfait pour autant.
Et en parlant du cercle en question, Damian-Jakob, plus connu sous son nom d’artiste, cherche à l’agrandir, mais le moniteur de stage de Zébri à la garde-robe audacieuse saura-t-il gagner la confiance du père de celui-ci? Et quel sera l’impact de cette conversation cryptique, dont son apprenti sera l’involontaire témoin, une fois rendu dans la nation arc-en-ciel?
Quant à leurs hôtes là-bas, Sergio, Maximilian et Bruno leur vieux saint-bernard hydrophobe et swisse, tous sont parfaitement bien implantés… Mais le demeureront-ils longtemps après les évènements déclenchés par leurs invités dans un restaurant voisin bien apprécié de la clientèle locale et d’une autre, moins désirable celle-là?
Wouter est non seulement le meilleur ami d’Hans-Pierre, mais il reste aussi son complice dans la poursuite de ses objectifs, quelle qu’en soit la motivation. Grand épargnant, le hollandais de souche pratique sa passion inlassable pour les économies sans se douter de son vrai rôle dans toute cette nouvelle affaire, qui risquerait bien de lui être particulièrement coûteuse, mais moins quand même que pour le reste de la Confédération…
Après deux ans et l’adoption définitive de la forme familière, Ahmet, Alexander et Murillo, les ex-compagnons d’infortune d’Hans-Pierre sont tous devenus inséparables. Tout comme lui, ses compères ont dû se recycler, et lui sont de précieux conseil. Ou peut-être pas…
Après des années de labeur, Anton est sur le point de partir en retraite, et mise sur Hans-Pierre pour la reprise du meilleur magasin de «petites reines» de toute la région. A-t-il parié sur le bon cheval toutefois et celui-ci sera-t-il prêt à prendre le départ avant la fin des beaux jours? Il est permis d’en douter…
Kapil, qui a épousé une véritable Faffenzelloise assure-t-il, compte démarrer là-bas une activité de production qui obtiendra sans aucun doute l’adhésion unanime des résidents de la région. Quoi qu’il en soit, il est lui aussi l’un des instruments de la destinée. Quel sera donc l’impact des véhicules, et non seulement sur son seul client, qu’il vient, et pas forcément par erreur, livrer chez Hans-Pierre un jour de grande affluence?
Quant à Moshé, il est peintre, mais pas du type artiste, ou alternatif alors et en bordure de la légalité. Il constitue avec Salomé l’unique personnel encore à disposition de monsieur Cohen pour accompagner celui-ci dans la fermeture de sa société et honorer quelques dernières commandes. Mais un mystérieux nouvel apprenti nommé Zébri ne va-t-il pas plutôt s’assurer de sa liquidation… et au péril de sa vie?
Luigi était «geek». Il l’est toujours en fait, mais le camarade de classe de Touki a lui aussi mal tourné, et, après s’être réconcilié avec Balloo, il est le comparse et l’instigateur de certaines excursions de ce dernier, les exposant tous deux à mille dangers…
Balloo, Zébri, leur père et de nombreux autres «Sanbudokas» s’entraînent toujours auprès de maitre Alois, dont les enseignements précieux continuent de guider ceux-ci à travers leurs aventures.
Ken est en mission secrète sur les traces de l’organisation secrète «S.W.I.S.S.E.», la Section de Wengeance, d’Isolement et de Sabotage à l’encontre de la SwissE, dont il recherche toujours le Chef Suprême, disparu sans laisser de traces deux ans plus tôt. Mais l’incursion involontaire, ou peut-être pas, de certains des membres de la petite famille dans ses plans ne va-t-elle pas faire capoter ceux-ci?
Ursula et surtout Vreni vont-elles représenter un nouveau tournant dans la vie du chef de famille esseulé, malgré la difficile rupture de celui-ci d’avec sa femme et l’arrivée inexorable de l’andropause? Même si certains résidents du tour du lac de Zurique verront sans doute plus en l’une d’elles une spéléologue involontaire, l’infographiste de formation originaire du «côté obscur» de la métropole n’est pas sans charme… ni ambition. Hans-Pierre ne va-t-il pas se fourvoyer encore une fois? Et quelle est cette mystérieuse coalition établie contre lui et sa nouvelle dulcinée éventuelle?
Malgré la distance et le temps passant, Stella la (très) jolie chocolatista est toujours la meilleure amie des enfants et peut-être plus encore. Avec son sourire perpétuellement scotché à ses lèvres pulpeuses, mais entièrement naturelles, l’amatrice d’ésotérisme à ses heures perdues reste la coqueluche des nombreux admirateurs, mais préfère passer son temps avec Balloo, avec qui elle semble partager bien des émotions, et un lourd secret…
Numéro Onze et Numéro Douze sont de retour, après l’évasion spectaculaire et savamment orchestrée du premier avec la complicité de la seconde. La vengeance est un plat à manger normalement froid, mais ces deux-là n’hésiteront pas à braver des températures extrêmes pour arriver à leurs fins et tenter de provoquer au passage celle de nos héros, certains d’entre eux en tous cas…
Accompagnée de ses deux étonnants animaux de compagnie, Mama Giffy est un singulier personnage rencontré au hasard des vacances de certains membres de la famille. Responsable de l’antenne locale d’une association qui vient de changer de propriétaire, et dont pourrait par ailleurs bien être membre l’une de leurs connaissances elle aussi, qui est vraiment cette «troisième genre» amatrice d’étranges boissons exotiques? Et surtout, que peut bien vouloir signifier cet inquiétant avertissement qu’elle donne à Touki et sa sœur?
Jahjah semble bien s’entendre avec Touk-Touk après que les deux se soient découvert des goûts communs lors d’une sortie de nuit peu légale. Le rastaman vieillissant ne cache-t-il pas pourtant autre chose qu’un grand cœur derrière son apparence désinvolte? Et quel singulier souvenir souhaite-t-il lui confier? Quant à Ismaaeel, saura-t-il sauver toute l’équipe des griffes de ses oppresseurs cette même soirée? Et pour quel tribut?
Dingane (Di-n’ga-né) semble avoir plus d’atomes crochus avec Zébri. Tous les deux sont en tout cas aussi peu convaincants dans le même sport et ni l’un ni l’autre ne savent pourquoi la chance les a mis en présence l’un de l’autre. Où serait-ce peut-être pour un autre?
Nomalanga est la meilleure amie du vieux Jahjah et semble en savoir beaucoup sur lui. Trop peut-être d’ailleurs, et la bonne cuisinière aime aussi bien papoter à tout va, semblerait-il… mais comment pourrait-il en être autrement avec une équipe de curieux tels que Touki, Zébri et la petite Elli… En espérant que leur soif de savoir ne leur joue pas bientôt, très bientôt, de vilains tours.
La grande et belle jeune femme blonde énigmatique et tête en l’air est elle aussi de nouveau présente. Son sens de l’équilibre est plus marqué que celui de Zébri, mais pas forcément plus efficace, et sa relation avec le Grand Méchant est la source de nombreux questionnements, et de rivalité, mais quels sont ses choix vraiment?
B’aahl-Uttar est général d’armée et tout comme Hans-Pierre, à la croisée des chemins dans sa vie présente. L’arrivée d’une envoûtante danseuse au nom énigmatique, ainsi que celle de son précepteur et d’une cohorte de mystérieuses créatures dans la sienne et celle de son fidèle Ardhamesh va changer au moins l’une d’elles, et peut-être aussi les suivantes…
Eusebio Machiaviello est le directeur de l’école fréquentée par les enfants. Ses irritations cutanées répétées ne l’empêchent pas de veiller avec le plus grand soin au bon fonctionnement de son établissement, car le développement de celui-ci lui tient très à cœur. C’est ainsi qu’il lance dans la Confédération une formation exclusive aux métiers de la musique, dont une spécialisation pour platinistes animateurs. Les futurs lauréats de la toute première promotion sauront-ils se montrer à la hauteur de ses attentes durant la plus grande rencontre musicale annuelle de la région alémanique? Ses fidèles employés, dont madame Dard, la professeure de français parée de verroteries de goût discutable et auprès de laquelle Touki parfait lentement son vocabulaire, sont là pour s’en assurer, mais l’Éducation Confédérale est-elle bien servie avec de pareils représentants?
Sharon enfin est la directrice de la société Phlégéthas, la très discrète organisation qui dit-on serait liée à la présence, voire à l’existence, de certains personnages de l’aventure, et dont personne ne semble vouloir dans son voisinage.
Le Grand Méchant de la précédente histoire n’a peut-être pas dit son dernier mot. Ruminant de sombres représailles dans son nouveau repaire depuis l’étranger, sa cible n’en reste pas moins le cœur du vieux monde. Un nouvel ordre est en route, au cours duquel un mystérieux allié des forces du mal, pièce maitresse émergente sur l’échiquier géopolitique, pourrait bien tenter de tirer son épingle du jeu. Qui pourra bien dénouer les liens de l’abominable machination planant de nouveau sur la Confédération?
Restera-t-il seulement une place pour elle sur la carte du monde?
Il contempla la baie qui scintillait de tous ses feux.
Des milliers de bougies semblaient y être suspendues à l’éther, mais le discret ronronnement du moteur des bateaux qui venaient jeter l’ancre pour la nuit en trahissait les origines. Malgré les lanternes allumées, l’obscurité était complète déjà. Pourtant, de nombreuses petites embarcations voguaient encore tous feux éteints d’une jonque à l’autre dans l’espoir illicite d’y vendre quelques marchandises, de qualité souvent douteuse. Des poissons aussi, et plus de la toute première fraîcheur, invendus cette même journée. En vérité, la vie n’était pas facile pour les membres des quatre communautés de pêcheurs installées de manière permanente dans la région, à même la surface du lagon. Elles survivaient malgré tout, bon an mal an, de l’afflux de touristes réguliers en quête d’aventures ou de découverte d’un environnement hors du commun.
Et celui-ci l’était.
Équipé de ses jumelles de vision nocturne, il reconnut l’unique passagère à bord du frêle esquif. Oui, c’était bien elle. Celle que ses hommes de main lui avaient parfois apportée pour son plaisir, après l’avoir capturée et bandé ses yeux. Comme elle l’avait elle-même été, ses proies étaient relâchées ensuite, droguées ou jetées directement à la mer de l’une des anfractuosités qui apportaient l’aération nécessaire à son antre, en fonction de son inspiration du moment. Toutes n’y survivaient pas cependant et il se demanda à nouveau si les rumeurs concernant le lagon caché, dans les eaux vertes, mais troubles duquel certaines tombaient, recélaient un fond de vérité.
Et peut-être plus encore.
Son seul souci était à vrai dire qu’aucune ne reparte porteuse d’une future progéniture, dernier restant d’une éducation religieuse qu’il avait depuis longtemps rejetée. Les vieilles croyances. L’un des grands cancers de la société, soupira-t-il intérieurement. Une association d’idées germa soudain dans son esprit, exceptionnellement brillant. Oui, les recherches de Numéro Deux sur le sujet pourraient éventuellement lui servir… Il prit note de converser avec elle avant de reprendre le fil de ses pensées précédentes et sourit à l’idée saugrenue d’un rejeton. Heureusement, son handicap le prémunissait contre cette pénible éventualité. Quelque peu au moins.
Son regard explora de nouveau la baie, et les multiples navires ancrés là pour la nuit. L’attrait certain de l’endroit drainait régulièrement les visiteurs vers l’immense groupement d’îles. Quand ceux-ci accostaient, et ça n’était heureusement que peu souvent le cas, tous se cantonnaient surtout aux îles disposant de plages et de grottes, aménagées depuis pour leur visite. À cette autre aussi, coiffée d’un belvédère et d’une antenne pour le réseau de téléphonie mobile dont il détournait l’usage en secret, et dont l’ascension se révélait périlleuse pour la plupart. Les seniors s’agglutinaient sur la plage pour siroter des cocktails aux prix ridiculement élevés dans l’attente du retour de leur embarcation. Les plus jeunes eux tentaient de monter les quelque quatre cents marches particulièrement escarpées jusqu’au point de vue, avant de redescendre goûter aux plaisirs offerts par le sable fin, et de s’affronter parfois lors d’un match de volleyball.
Quand le ciel était dégagé, on pouvait presque apercevoir la côte. La baie en son centre, elle, restait essentiellement cachée. Son attrait en était d’autant plus évident. Captive de ses nuées, elle était auréolée de ses histoires de richesses mystérieuses et de ses légendes romantiques.
La plus célèbre attribuait la création de l’archipel à un dragon tombé du ciel. L’essentiel disait-on resta pourtant en surface et donna naissance aux quelque trois milles îles et îlots qui ponctuaient le delta à cet endroit. Le maitre des lieux pensa à ses précédents adversaires et ce qu’il en avait appris grâce à ses acolytes quelques mois plus tôt. Il ne douta pas que ce maudit ourson aurait sans doute rétorqué que la créature mythique et cracheuse de feu avait probablement un estomac fragile, et abusé plutôt de la bière locale ce fameux soir avant d’en régurgiter une grande partie de son contenu.
De son île, imprenable, et qui était restée sans nom comme un millier d’autres, l’homme aperçut à nouveau la jolie pêcheuse. Comme bon nombre de ses compatriotes, elle était d’assez petite taille. L’exercice physique quotidien ainsi qu’un régime alimentaire essentiellement composé de protéines marines et de quelques légumes lui permettaient de garder un corps parfaitement svelte néanmoins. Sa poitrine était étonnamment saillante pour une autochtone, mais il douta qu’elle eût été améliorée chirurgicalement. Des pensées répréhensibles l’assaillirent et il se souvint de signaler à un membre de son personnel de la lui procurer à nouveau à l’occasion. Elle habitait sans doute dans l’un des villages lacustres, mais il n’avait aucune idée duquel.
Tout ça était sans gravité au fond, vraiment.
Ce qui importait plus, c’était que la plupart des îlots n’étaient peuplés que de quelques macaques et serpents venimeux et surtout qu’un grand nombre étaient aussi percés de trous qu’une meule d’Emmental. Et peu explorés enfin, car dépourvus d’intérêt. Y établir son repaire actuel avait exigé maints efforts. Et beaucoup d’argent. Mais les populations locales se montraient rarement intransigeantes à l’idée de se laisser graisser la patte.
La corruption était monnaie courante dans cette partie du monde, mais les empires du Milieu et surtout celui du Soleil Levant tendaient à suivre l’exemple de l’Ouest, qui la tolérait de moins en moins. Maintenir ses quartiers généraux à Fukien était depuis longtemps dénué de tout sens et sa base avait de toute manière été investie par ce stupide policier fou et son équipe, ce qui n’avait au final que précipité ses plans. S’en échapper accompagné de sa complice principale avec le sous-marin de poche qui ancrait à côté de ses cargos de transport de caquelons aux abords de la fonderie n’avait été qu’un jeu d’enfant et il s’était déjà trouvé loin quand l’embarcadère comme le reste avaient été détruits[1]. Il devrait pourtant encore une fois se déplacer pour la nouvelle opération, mais seulement de manière temporaire, et uniquement pour la consécration de son exceptionnel talent.
Il contempla le portrait de l’Aigle, un original, accroché à la roche nue dont nombre de ses murs étaient composés, et resta fixé devant lui quelques instants. L’ex-empire avait produit d’intéressants mégalomanes au cours des siècles, dont le dernier, fantoche et pâle copie de ses illustres prédécesseurs avait été contraint finalement d’abdiquer heureusement, par manque flagrant de crédibilité.
Lui ne faillirait pas.
Non, point n’était besoin d’agrandir une carte au-delà de ses frontières naturelles, quelles qu’elles soient, mais certains ajustements étaient parfois nécessaires.
Pour corriger les anomalies du temps et des hommes.
Un juste retournement de situation.
Il détourna les yeux, mais ne put s’empêcher de penser que, comme dans son propre cas, les grands génies de l’ère moderne n’étaient semblait-il faits que pour une vie de solitude ascétique, loin de ce monde ingrat qui ne reconnaissaient pas leurs services.
Des coups furent frappés à sa porte.
— Votre invité a confirmé son arrivée en début de semaine prochaine, Monsieur, lui confia son assistant.
— Je dois m’absenter auparawant et partir incessamment. Juste quelques jours, mais je rentrerai à temps pour l’entretien. Assurez-wous entretemps que la table et la chaise aient été soigneusement préparées, ordonna-t-il sans hésiter ni même regarder son interlocuteur, mais en posant la juste inflexion sur quelques mots consciencieusement choisis.
Lourds de sens.
— Oui, Monsieur.
— Wous conduirez notre inwité directement à la salle à manger, mais après que je me sois attablé, et weillerez à ce que notre repas soit serwi à temps. Une bouteille de Sillecart-Balmon sera la bienwenue, mais pas de grande année. Ces gens-là n’ont ni humour ni culture et ne sauraient apprécier ni faire la différence. Un quatre-wingt-douze fera l’affaire.
— Très bien Monsieur.
— Wous ferez par ailleurs en sorte que notre exemple soit disponible pour… la démonstration. Et à propos, Wous l’amènerez ici le soir même awant notre rencontre du lendemain. Wous… êtes bien sûr de wos renseignements?
— Sans aucun doute, Monsieur.
— Très bien. Faites le nécessaire. Et… que Wiola soit située non loin de lui. Excitez-la au préalable… Wous wous assurerez qu’elle soit affamée n’est-ce pas?
— Avec un yaourt allégé sans colorant au bifidus actif par jour durant la même semaine, Monsieur, répondit son subordonné avec une certaine anxiété avant de se retirer discrètement.
L’homme resté seul dans la pièce se caressa le menton, déterminé.
Non, rien ne saurait l’arrêter cette fois-ci, et la Swisse devrait enfin se mettre à genoux.
Et disparaître définitivement de la carte.
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Numéro Douze pressa le pas.
Presque indifférente au trafic venant à sa rencontre, elle se glissa d’un pas leste entre les centaines de deux-roues en perpétuel mouvement, et dont beaucoup ponctuèrent son passage de coups de Klaxon. Elle les ignora pourtant et traversa le boulevard qui la mènerait ensuite en direction de cette ruelle discrète, où elle savait que le siège régional de l’organisation était dissimulé.
La vie dans la métropole sud-asiatique était semblable aux millions de scooters, plus nombreux que ses habitants, qui en sillonnaient les artères à longueur de temps, tel un essaim de criquets insatiables. Elle y était grouillante et ne s’arrêtait jamais. Quelques oasis de tranquillité y survivaient malgré tout, reliques des périodes de colonisation passées. Véritables plaies ouvertes, mais jalousement préservées par le gouvernement local, conscient de leur attrait indéniable aux yeux des touristes fortunés, les grandes dames du temps jadis étaient invariablement peintes de jaune ou de blanc depuis. Elles servaient souvent d’hôtels aux étoiles trop nombreuses pour les compter. Contrastant avec le capharnaüm d’installations électriques précaires et d’habitations disgracieuses enchevêtrées sans considérations esthétiques aucunes, les élégants bâtiments apportaient un répit salutaire à la frénésie de la principale ville du nord du pays. Détournés de leur vocation première, d’autres, plus effacés, avaient continué leur carrière dans de nouvelles directions, et parfois moins recommandables.
La jeune femme se retrouva devant l’une de ces dernières bâtisses.
Cossu, l’édifice commandait le respect cependant et le discret panonceau doré sur le côté de la lourde porte de bois blanc attira son attention. Il aurait pu être celui d’une banque privée, et l’était véritablement. En apparence au moins. L’intitulé était en français, mais également dans le langage local, le seul dans cette partie du monde composé de lettres de l’alphabet latin. De ses longs doigts fins, Numéro Douze saisit le lourd heurtoir doré, décoré en forme d’un double cor des Alpes étonnamment court et terminé par une meule d’emmental, tous deux craquelés, qu’elle savait être un signe de reconnaissance commun à tous les bâtiments détenus en sous-main par l’organisation. Sans hésitation, elle frappa quatre fois sur la base du même métal avant de laisser la ville trépidante à son seul sort.
Malgré la légèreté de son allure, la jeune femme ne put empêcher ses hauts talons de résonner sur l’élégant plancher en cerisier centenaire. Elle ignora le fait, et continua son chemin, résolue. Des fleurs aux couleurs vives fraichement coupées flottaient à leur gré dans les vasques des deux fontaines ornementales entourant la réception. Elles apportaient à l’endroit une agréable fragrance, qu’accentuait un énorme ventilateur de plafond dont la nouvelle venue apprécia la caresse sur son visage impeccablement maquillé, et étonnamment lisse. Un employé en costume était affairé derrière son bureau et la dévisagea un court instant, sensible à son charme cruel.
— Bonjour Mademoiselle.
— Coffre 274. Dépêchez-vous s’il vous plait[2], répondit-elle sèchement et avec une légère pointe d’accent.
— Bien sûr Mademoiselle. Par ici, fit-il en se hâtant vers une porte discrète.
Il referma soigneusement celle-ci derrière lui et, suivi de sa cliente, descendit un escalier. Au bout de quelques pas rapides le long d’un corridor désert orné de boiseries, une porte aux épais barreaux de métal lui bloqua le chemin. D’un geste sûr, il se saisit d’un trousseau porteur de nombreuses clefs et introduisit dans le verrou celle qui ouvrirait immanquablement celui-ci. Une grande pièce divisée en plusieurs sections toutes similaires les unes aux autres les accueillit, mais tous deux ignorèrent les centaines de tiroirs encastrés dans les murs pour se diriger vers l’arrière de la salle.
D’un geste maintes fois répété, séparément pourtant, ils insérèrent chacune une clef au même moment dans les deux serrures éminemment complexes pour lesquelles elles avaient été conçues. Une paroi devint apparente et coulissa lentement dans le sol, sans bruit aucun. Elle révéla de nouvelles marches que seule Numéro Douze descendit en réponse à la main tendue de l’employé avant qu’il ne refermât la cloison derrière elle.
Plus bas, un scanner oculaire s’assura de l’identité de la visiteuse et lui permit de franchir une nouvelle double série d’épais cylindres de métal horizontaux qui s’écartèrent enfin de chaque côté pour lui laisser le passage. Des voix se firent soudain entendre au détour d’un couloir, entièrement construit de marbre celui-ci, comme le reste du sous-sol et elle poussa sans hésitation les énormes ouvertures à son extrémité. Une seule chaise, classique et garnie de velours prune était encore inoccupée parmi la dizaine que comptait l’endroit, pompeusement décoré de tentures de la même couleur, de statues, et de colonnades. Avec toute la discrétion voulue, elle s’assit avant que le chef suprême de S.W.I.S.S.E, la Section de Wengeance, d’Isolement et de Sabotage à l’encontre de la SwissE ne poursuive son allocution. Elle ne l’avait plus revu depuis de nombreux mois, mais il n’avait pas changé. Son autorité était rassurante. Séduisante à vrai dire. Elle assura sa posture sur son siège après avoir croisé ses jambes, bomba le torse et tendit l’oreille.
— Nous awons inwesti ces derniers mois au Proche et Moyen-Orient et dans le nord de l’Asie pour prowoquer des insurrections, des réwolutions, mais aussi des passassions de pouwoir. Ce faisant, nos spéculations récentes nous ont rapporté de beaux diwidendes. Par des wentes d’armements par exemple, même si certaines intercessions dans l’Ouest cette fois doiwent encore porter leurs fruits et être paraphées lors d’une prochaine wotation populaire. À ce sujet, nous nous apprêtons à lancer une opération au cœur du wieux continent, et dans l’une de ses anciennes colonies, d’une telle audace qu’elle fera pâlir toutes nos actiwités précédentes, qui wous paraîtront dorénawant bien dérisoires[3].
À l’évidence, les activités de l’organisation se sont diversifiées et ne semblent plus ne vouloir viser qu’une seule et même région du globe, pensa la jeune femme. Oui, le futur de l’association était à l’international, même si le pays qui avait refusé la nationalité à son dirigeant principal restait une cible de choix. Elle-même captivée, Numéro Douze ressentit un regain d’intérêt dans l’assistance, composée d’hommes et de femmes d’affaires de toutes origines, et pas des plus intègres. D’investisseurs pour certains peut-être. Et de cette très jeune femme blonde aussi, qu’elle voyait parfois roder auprès du maitre, sans trop savoir quelle était leur relation. Elle se souvint d’avoir été en sa présence toute une nuit, lors d’une précédente opération, mais les deux complices n’avaient échangé que des propos sans intérêt, ou reliés simplement à l’activité en cours. Quel est vraiment son rôle? Et que représente-t-elle aux yeux du maitre? se demanda Numéro Douze avec une pointe de jalousie.
Après avoir déambulé parmi l’audience, le chef suprême monta la marche qui le séparait de celle-ci et vint s’asseoir sur un siège en tout point semblable à la dizaine alignée devant lui si ce n’était la série de boutons rassemblés sur un boîtier monté sur l’accoudoir. Son index se porta discrètement sur l’un d’eux, mais il resta immobile et le propriétaire poursuivit son discours, sûr de lui-même et de son impact sur l’auditoire.
— La collaboration entamée à l’échelle internationale il y a deux ans entre notre département Ingénierie et ceux d’autres groupements étrangers a permis de déwelopper une technologie de destruction ambitieuse, dont je souhaite wous laisser wous-même juger des promesses…
Son doigt fit un geste et un écran s’éleva lentement au-dessus du linteau d’une fausse cheminée d’apparat que la jeune femme n’avait pas encore remarquée. L’audience fut rapidement captivée à la vue des images, d’une rare violence, et de nombreux applaudissements retentirent, avant que le maitre ne continue son propos.
— Conformément à l’échéancier déweloppé ces vingt-quatre derniers mois avec l’aide de nos serwices Cryptographie et Planification Awancée, notre estimée Numéro Douze wa se rendre en Europe, dès l’issue de notre réunion, pour en concrétiser une phase primordiale.
Quelques regards se portèrent discrètement sur la personne en question, qu’elle esquiva d’un sourire dédaigneux, mais elle ne put que baisser les yeux face à ceux du maitre, scrutateurs, qui se plongèrent dans les siens.
Il poursuivit son monologue.
— Elle y superwisera la réintégration dans nos rangs d’un membre indispensable à l’exécution de la suite de toute l’opération. En parallèle, poursuivit-il avec un discret soupçon d’humour dans la voix, nos plans préwoient également la participation inwolontaire d’un partenaire tiers, coopération dont j’ai pris moi-même la direction, conclut-il d’un étrange sourire.
Des images du personnage, filmé durant des visites officielles à l’étranger, ou simplement en séance de travail dans son propre pays défilèrent devant les yeux des membres de l’organisation, et sous les applaudissements croissants de ceux-ci. La jeune femme en reconnut elle-même certaines après qu’elles aient été diffusées par les médias du monde entier.
Elle ne put s’empêcher d’afficher à son tour un sourire effacé au coin de ses lèvres à l’entrée dans la pièce de cette même personne quelques instants plus tard…

[1] Voir «Opération Cheesestorm», du même auteur, décembre 2013.
[2] et [3] D’après un monologue extrait du film «Never Say Never Again», Irvin Kershner, Taliafilms, Producers Sales Organization, Warner Bros., octobre 1983.
Telle une araignée tapie non loin du centre de sa toile, le gravillon guettait sa prochaine victime.
Elle se rapprochait à vive allure…
Sans que l’unique occupant du véhicule n’en fût conscient.
La petite pierre s’encastra soudain dans ses rouages et le deux-roues comme son conducteur manquèrent chacun de très peu de se retrouver dans une posture délicate.
La roulette arrière est sûrement plus désaxée encore maintenant pensa ce dernier après avoir redressé le cap, in extremis. Elle avait déjà parfois tendance à serrer depuis quelque temps avait-il noté.
Zébri força malgré tout le tempo.
La trottinette que son frère aîné avait délaissée pour un véhicule plus dévoreur d’énergie fossile, mais moins exigeant en énergie ambulatoire était maintenant sienne. Il réalisa pourtant encore une fois que Balloo en avait sans doute négligé quelque peu l’entretien les derniers mois. L’accumulateur de vitesse avait acquis une vie propre et ne se laissait plus déclencher que quand bon lui semblait. Quant à la puissante alarme qui avait répandu la terreur dans les rues du Nydertorf et celles de leur voisinage en d’autres temps, elle avait rendu l’âme depuis belle lurette. Zébri se promit d’en faire effectuer le service, quand son budget le permettrait. Il pensa aussi partir en chasse d’un bon AchatsMalins qu’il pourrait utiliser chez le vendeur de bicyclettes, au-dessus duquel son père avait maintenant son appartement et dans lequel celui-ci travaillait à mi-temps. Peut-être aurait-il aussi l’occasion lors d’une visite chez sa mère, de la faire réviser complètement par Armando le garagiste-préparateur de cette dernière, à qui Sigrid apportait régulièrement le cabriolet qu’elle avait conservé depuis la séparation.
Les temps étaient devenus notablement plus durs pour la petite famille.
Zébri serra les dents et se concentra sur son chemin en prenant soin d’éviter de trop maltraiter le matériel audio miniaturisé qu’il transportait en bandoulière, dont quelques vieux quarante-cinq tours et un électrophone Clearphono Execution CE.
Il l’avait acquis d’occasion sur Leonardo après y avoir vendu son surf des neiges, utilisé ses derniers chèques Treka, marchandé quelques autres auprès de ses frères et cassé enfin son cochon-tirelire rempli de pièces de cinq centimes. La platine lui avait été coûteuse vraiment et se séparer de sa monture hivernale fétiche avait été une véritable torture. Zébri était fier pourtant de son acquisition et il restait convaincu aussi qu’elle lui ouvrirait d’autres portes dans le futur. Elle s’était en fait révélée presque indispensable à son entrée prochaine dans la formation pour disc jockeys nouvellement ouverte au collège de Zolliberg où il était toujours scolarisé avec les autres membres de sa famille. Efficace, la formule était calquée sur la filière d’apprentissage traditionnelle dans la Confédération. Comme bien des élèves de son âge chaque année toutefois, Zébri cherchait encore une place pour apprenti dans laquelle répéter ses leçons et engranger de l’expérience. Déterminé, il comptait bien pratiquer le plus régulièrement possible dans l’attente pendant les vacances d’été qui venaient de commencer, convaincu que ses talents naissants sauraient attirer la chance le moment venu.
Il était encore tôt et les rues environnant la gare principale tout comme la métropole zuriquoise elle-même étaient quasi désertes. En conséquence, le petit zèbre progressa rapidement. Il salua au passage les noctambules aux yeux et à l’estomac explosés après un bretzel au thon et au goût de lessive trop matinal et les éboueurs qui en faisaient diligemment disparaître les conséquences de la chaussée. Zébri abandonna sa monture aux abords du quartier de la Kasernenareal pour retrouver quelques minutes plus tard son père et une deuxième personne qu’il avait déjà rencontrée à l’occasion, mais dont le nom lui échappait. Tous deux se tenaient bras nus près d’un brasero où ils y bravaient le semblant de fraîcheur apportée par le petit jour. Armés chacun d’une tasse de café recyclable Moonstruck, ils se restauraient d’une saucisse enveloppée dans un emballage estampillé «Morgenkrebs» dont le magasin récemment rouvert place Jolieplatz drainait la foule des travailleurs matinaux inconscients. Le chef de famille était mal rasé, moustachu depuis peu, et déjà coiffé de son énorme sombrero rouge pointu à plumes assorti aux montures de ses lunettes. Il portait aussi une chemisette citron et violette plutôt discordante, mais justifiée pour l’occasion et ouverte sur son torse plus velu et grisonnant que ne se le rappelait son fils.
— Bonjour, Zébri, bienvenue à Caliente!
— Salut papa!
— Je ne t’attendais pas si tôt, tu n’as pas eu trop de mal à te lever? Où t’es-tu garé? Tu as bien utilisé ton antivol ou bien? Comment vont les grands-parents? Voici mon ami Murillo avec qui nous allons partager le «Bünzlinho Bar» durant le festival et nous comptons sur toi! Notre étal n’est pas plus grand qu’une barquette de fraises de Cidrovie, mais avec une bonne animation…
— Mais ouiiiii, coupa le nommé Murillo, particulièrement enthousiaste, d’un air chantant et en traînant sur ses fins de phrase. Pour nous mettre une ambiance tooo…rriide cet après-midi pour le début des festivités dans le village! Une fois la procession terminée, tout le monde va se donner rendez-vous ici et ton papa et moi avons besoin de mettre le feuuuuu pour vendre beauuuucoupppp de caïpirinhas! Et surtout ce soir pour le tir d’artifice du premier jour. Tu sais que nous attendons beaucoup de monde, et même un ancien membre du Conseil Fédéral en mal d’électorat dit-on! Alors Zébri, à toi de jouer! Viens, je vais te montrer notre emplacement. Il y de la place pour ton équipement. Nous sommes bien situés, tu sais, sans aucune concurrence immédiate, regarde! ajouta le Brésilien, tendant le bras et se penchant vers Zébri dont il empoigna l’épaule. Un marchand de fruits tropicaux pour une collation, et là sur notre gauche, l’élection de miss Caliente, avec beaucoup de place devant pour danser. Ça va chauffer, ça va chauuuuuuffeeeeeeer! dit-il en élevant sa voix tout en entamant quelques pas de samba aux contorsions exagérées, accentuées par l’encombrement de son arrière-train brésilien, mais entièrement naturel.
Un peu intimidé par le torrent de paroles et les attentes de Murillo, mais heureux à la perspective de ravissantes créatures défilant court vêtues devant ses naseaux toute la journée, Zébri suivit son père et son ami. Ceux-ci finirent leur café en chemin et déposèrent leurs tasses dans une benne voisine. Modeste, le stand était pourtant plaisant avec son store aux rayures jaunes et vertes déjà épris du soleil naissant. Une table haute servait de comptoir. On l’avait couverte d’une nappe étincelante rouge et de nombreux verres et ustensiles. Elle contribua à la bonne impression que le petit village, particulièrement accueillant avec ses multiples échoppes, fit rapidement naître en Zébri.
Le petit zèbre prit compte de la situation.
Il sortit son équipement et le disposa sur une table basse située derrière le comptoir pendant que les deux adultes s’affairaient à vérifier le générateur à l’arrière du stand, hors de portée des regards des futurs passants. Le sien fut attiré par l’écriture de son père qu’il reconnut sur les deux feuilles de papier laminées collées sommairement sur le comptoir. Il nota également la présence de dizaines de citrons verts de culture biologique garantie assemblés en trois pyramides. Des sachets de sucre de canne Fairtrade jouxtaient aussi quelques pilons de bois assemblés méthodiquement le long de plusieurs bouteilles de cachaça. Leurs étiquettes étaient écrites en portugais, mais Zébri n’eut aucun doute quant à leur authenticité et la qualité de la boisson. Il comprit aussi à la vue de l’illustration enfantine de l’une d’elles que le contenu d’une bouteille au moins ne causerait aucun mal de tête le lendemain, même en grande quantité. Enfin, deux énormes haut-parleurs agrémentés de multiples projecteurs lumineux loués pour l’occasion et perchés chacun sur un mât disposé de chaque côté de leur stand parachevaient leur petit univers.
Zébri dupliqua méticuleusement les gestes qu’il avait précédemment répétés des heures durant afin de ne pas connecter les haut-parleurs au réfrigérateur. Il rajouta sa platine via sa mini-table de mixage à son amplificateur et se coiffa de ses écouteurs sur une seule oreille. Ils étaient pourvus aussi d’un micro qu’il contrôla ensuite en y murmurant le traditionnel «un, deux, trois, test, test, test» et, satisfait du retour obtenu, les reposa sur le côté. Il sortit alors les vieux quarante-cinq tours qu’il disposa précautionneusement un à un à portée de sabot avant d’en vérifier le contenu et la jaquette. Zébri avait pris soin de se procurer des standards de la musique brésilienne. De Maurim surtout, mais aussi de Gilberto Gril, dont il dévisagea quelques instants la photo porteuse d’une signature et sourit à la vue de son couvre-chef. Sa coiffure de type «prendre aux riches pour donner aux pauvres», était savamment composée de tresses entrelacées, étirées d’un côté et ramenées de l’autre autour de ses lunettes disproportionnées pour masquer la calvitie avancée de l’artiste.
Zébri avait patiemment remis aux goûts du jour leurs morceaux en les séquençant sur le kiwiMax de sa mère tout d’abord, avant d’y rajouter ensuite un nouveau tempo, des échos parfois et quelques boucles inédites. Il aimait pourtant le son des vinyles et n’hésitait que rarement à les utiliser aussi et ce serait le cas aujourd’hui. Les morceaux remixés enfin avaient été sauvegardés sur le vieux kiwiTouch de Balloo, dernière pièce de son arsenal, que Zébri relia aussi à l’ensemble. Comme son frère aîné, il avait accueilli la technologie à bras ouverts. Le son authentique des disques d’antan gardait une place toute particulière néanmoins dans sa discothèque. Ils lui permettraient de démarrer son animation en douceur, avant de passer à des enchainements de morceaux électroniques de circonstance et de son cru, et sensiblement plus rythmés.
— Tiens Zébri, voici une caïpirinha sans alcool et aux framboises ramassées par ton père et provenant du jardin sur le toit, lui dit celui-ci, enthousiaste. Tu te rappelles ces plants acquis sur AchatsMalins il y a quelques années? Et bien, l’un d’eux a finalement donné! Oh bien sûr, nous avons dû acheter pour les prochains jours beaucoup d’autres fruits pour compléter les quatre que j’ai pu en obtenir, mais ceux-ci sont les premiers vraiment, et rien que pour toi! Tu vas trouver ça très sucré, car j’y ai mis deux pastilles de Kandrelle entières… Il faut bien savoir se faire plaisir de temps en temps, tu sais!
— Oh, c’est vrai? Merci papa!
Zébri se saisit du verre tendu et se mit à siroter l’agréable liqueur au goût acidulé, mais passablement édulcoré. Ses problèmes de cholestérol s’étaient stabilisés, quoique son ventre, et pour cause, soit resté proéminent, et c’était justement les railleries de ses camarades d’école à ce sujet qu’il avait parfois du mal à supporter. Sa passion pour la musique et l’animation ainsi que son talent naissant lui avaient heureusement assuré sa place au sein de son groupe d’amis habituels au final. Son statut aussi s’était affirmé et le passage enfin réussi de la ceinture jaune en jiu-jitsu au bout du cinquième examen lui avait également valu l’assurance d’un respect renouvelé. À l’inverse, sa situation familiale et l’incessant va-et-vient entre les multiples foyers depuis la séparation de ses parents n’avaient pas contribué à son équilibre. Certains des autres membres de leur progéniture avaient eux-mêmes réagi à leur manière, mais c’était dans la musique que Zébri avait trouvé une véritable échappatoire.
Avec tristesse, il pensa soudain au restant de sa famille, dont il ne reverrait pas les autres membres avant plusieurs jours et chassa finalement les images de son esprit. Il se décida d’aller explorer le village à l’invitation de son père, en laissant Murillo s’occuper seul de leur petite échoppe, qu’il achèverait de préparer entretemps.
— Tu sais, mon ami Alexander est aussi ici, lança Hans-Pierre.
— Le consultant avec plein de copines et qui sent le varech?
— Mais oui Zébri, rappelle-toi, je participais à l’époque à ce séminaire de perfectionnement de techniques de candidature, durant lequel nous nous sommes tous connus, avec Murillo aussi. Tous deux ont dû se recycler finalement.
— Ah bon? Et Alexander il répare lui aussi des chaînes de vélos alors?
— Non non, répondit Hans-Pierre en partant d’un rire franc, mais il doit mettre la main à la pâte maintenant aussi comme tu remarqueras sais-tu? Il s’est associé au précédent amant d’une de ses maitresses et s’est spécialisé depuis dans la création d’amuse-bouches marins haut de gamme.
— Papa, je peux te demander franchement? Ça va durer longtemps cette situation? Et pis tu sais, les autres ils me manquent…
— Zébri, tu es grand maintenant et je croyais t’avoir déjà expliqué que ceci n’est qu’un travail alimentaire. Il m’apporte pourtant une bonne expérience. Mon projet n’est pas encore prêt, mais j’espère pouvoir me lancer bientôt, quand l’actuel propriétaire partira en retraite. Tout ceci n’est qu’une question de mois, peut-être moins, et tu reverras bientôt ta mère et Touki et… Écoute, pense aussi à ces quelques jours de détente qui t’attendent là-bas avec eux. Bon, ce ne sont pas vraiment des vacances, mais D.J. Woolly saura à la fois s’occuper de toi et rendre ton séjour passionnant j’en suis sûr! Il accepte de te prendre comme apprenti finalement. Sa lettre de confirmation est arrivée pendant ton séjour chez les grands-parents.
— C’était quand même tellement mieux avant, interrompit son fils.
— Zébri, nous avons déjà parlé de tout ça. La vie continue et nous devons tous regarder devant nous. Ne te réjouis-tu pas à l’idée d’intégrer ta nouvelle section à l’école cet automne et malgré tout de pouvoir déjà exercer ta passion cet été? Nous avons un peu douté avec ta mère au début, mais au final le contenu du programme est intéressant et pourra t’ouvrir de nombreuses portes. Regarde, j’ai moi-même décidé de devenir technicien qualifié en entretien de bicyclettes de tous genres, y compris ta trottinette, pour me préparer à reprendre la gérance du magasin. J’ai même déjà pensé à comment nous différencier à l’avenir de la concurrence pour attirer de nouveaux clients et nous pourrions ouvrir un service de tuk-tuks de haut de gamme autour de Zurique. Avec ce manque flagrant de places de stationnement, y circuler devient impossible! J’ai hâte que la formation commence, mais il faut bien vivre entretemps et payer nos factures. Tiens, vois, n’est-ce pas Alexander là-bas?
Le chef de famille aperçut son vieux complice en train de balayer la devanture de son échoppe, fermée pour l’instant.
De tons plus austères, mais sophistiquée à tendance «lifestyle», et ornée d’un logo représentant des fruits de mer partant à l’assaut d’une bouteille de champagne, elle n’en invitait pas moins à la découverte cependant. Son ami n’avait à l’évidence pas lésiné sur l’aspect communication autour du concept et avait dû s’assurer les services d’une agence en esbroufe professionnelle à la lecture des prix scandaleux des amuse-bouches, affichés en tous petits caractères dorés sur le côté de son étal. Hans-Pierre se demanda en particulier ce qu’un «consultant’s cocktail super especial do Brazil» à SFr25.50 le verre pouvait bien contenir.
— Alexander! Comment vas-tu?
Les deux hommes s’enlacèrent chaleureusement en se tapant les épaules du plat de la main.
— Je suis bien content de te retrouver! lui répondit son vieux complice, enjoué. Cela fait longtemps que nous nous sommes vus. Tout le monde est en vacances et Zurique tourne au ralenti. Salut, Zébri, comment vas-tu toi aussi? demanda Alexander en s’agenouillant. Tu viens prêter assistance à ton père? Il en aura bien besoin pas vrai? ajouta-t-il avec un clin d’œil. Heureusement que des gens comme toi et moi travaillent pour faire du Caliente un nouveau succès.
— Tu as bien raison, reprit Hans-Pierre, et d’ailleurs je crois qu’Ahmet va nous rejoindre en début de soirée. Sa microentreprise est un vrai succès! Il surfe sur la vague du «Pair-à-pair» et ses clients le contactent par micromessages via PitPit, tu sais, de moins de cent cinquante caractères? Mais il est sur Mamelouk aussi m’a-t-il dit, et il a bien sûr son propre site. Incroyable, et il faut croire qu’être promeneur professionnel est un vrai métier à potentiel sur la région.
— Mais oui, il m’a envoyé un SMS plus tôt, un traditionnel, à l’ancienne, ma société n’utilise pas PitPit. Je crois qu’il voulait d’ailleurs te consulter pour un projet. Tout ça est bien loin derrière moi tu sais, mais nous pourrions voir la chose ensemble si cela vous intéresse tous les deux. Il est important que vos procédés soient bien au point. Je te propose une petite analyse sommaire des modes de défaillance et de leurs effets potentiels et je…
— Mais pourquoi pas? L’interrompit l’ancien responsable du risque pour parer au mal de tête qui pointait déjà le bout de son nez aussi insidieusement qu’à l’ouverture d’une bouteille de Fendant. Toi et Ahmet êtes les bienvenus chez nous pour une caïpirinha gratuite, ça nous aidera sûrement à trouver des idées!
— Ah ça, je n’en doute pas une seconde! En attendant, goûte-moi cette composition tiède au poulpe nain d’Iguaçu, garantie sans viande de cheval et servie sur un croustillant au seigle des Grisons cuit dans de l’azote liquide. Nous l’avons créée spécialement pour l’occasion. Zébri, en veux-tu toi aussi?
— Euh, non merci! répondit celui-ci en faisant semblant d’hésiter à la vue de l’amalgame de microtentacules gluants et fumants. Ça serait pas très bon pour mon cholestérol, je crois, ajouta-t-il dans un élan d’improvisation assez convaincant. Papa, je vais continuer un peu tout seul, c’est bon pour l’inspiration! Et j’ai besoin de réfléchir à ma sélection de morceaux pour la journée.
— Mais bien sûr Zébri, rappelle-toi bien où nous sommes et je compte sur toi pour ne pas te laisser entraîner par de jolies Brésiliennes! On ne sait jamais si elles en sont vraiment! pouffa-t-il. Vois-tu, on trouve même des Autrichiennes gagneuses d’Eurovision à barbe de nos jours!
Zébri entendit les deux hommes éclater de rire derrière lui et déambula sans véritable but dans les nombreux passages et ruelles qui s’offrirent à lui. Malgré l’heure précoce, les premiers badauds flânaient déjà d’un étal à l’autre, se laissant tenter par les multiples articles exposés à la recherche d’un propriétaire. La traditionnelle procession ne démarrerait que quelques heures plus tard, mais le festival vibrait déjà d’activité, à défaut de musique. Zébri s’arrêta quelques instants devant un groupe d’adeptes de capoeira qu’il salua en inclinant le torse. Conscients de la présence d’un autre pratiquant d’arts martiaux, ceux-ci lui répondirent d’un hochement de tête et d’un sourire complice avant de reprendre leurs exercices. Face à face, les deux combattants exécutaient un hallucinant enchainement de coups de pieds à hauteur de tête extrêmement rapides, à mi-chemin entre ballet et forme de combat, sans jamais se toucher pourtant. Zébri se demanda ce qu’en penserait son aîné, maintenant ceinture noire en jiu-jitsu, et poursuivit sa promenade.
Plus loin, un groupe de danseuses parées de costumes et de coiffes entièrement blancs et ornés de plumes répétaient au son d’une batucada particulièrement entraînante, l’une des rares sources de musique déjà présente le long de son chemin. Le bruit en était accentué cependant par la scène surélevée sur laquelle elles s’exerçaient et qui faisait face à une tente accolée à un mur, vraisemblablement celle des artistes. Son effet sur Zébri fut semblable à sa première entrée dans le stade du Putzligrund lors d’un match de football quelques mois plus tôt, et il eut l’impression que sa cage thoracique était sur le point d’exploser. Il s’efforça toutefois de les observer quelques minutes quand il fut soudain interrompu par une jeune femme qui lui tapota doucement l’épaule. Elle était vêtue du même costume et avait dû descendre de la scène à son insu. Sa peau mate et cuivrée lui laissa penser qu’il avait en face de lui une Carioca, d’une rare beauté. Elle lui tendit un stylo tout en approchant son visage aussi parfait qu’irrésistible du sien, et lui demanda de signer au bas d’une petite affiche plastifiée. Il en lut l’intitulé avec excitation.
«Murillo et ses amis vous donnent rendez-vous au Bünzlinho Bar pour une ambiance torride pendant toute la durée du festival. Et avec pour la première fois aux platines à Caliente, D.J. Zébrim do Bahia!»
Malgré l’humidité qui lui remplit soudain les yeux, Zébri s’exécuta tout en se fendant lui-même de son plus beau sourire avant de rendre l’affiche à sa propriétaire et de reprendre son chemin, rempli de fierté.
Il lui sembla malgré tout qu’une des danseuses tarda plus longuement sur scène et lui lança des regards furtifs, mais brûlants avant de disparaître sous l’énorme tente.
Une Suisse alternative est de nouveau la cible de son plus implacable ennemi… Quatre improbables héros durent oublier leurs différences et s’allier pour essayer de lui barrer le chemin.
BALLOO EST L’AÎNÉ DE QUATRE ENFANTS UN PEU PARTICULIERS ET, avec les autres membres de sa fratrie, l’un des principaux héros du récit. Doué de vie et de parole comme les nombreux autres «troisièmes genres» habitant la Swisse et le monde autour d’elle, il souffre de la séparation de ses parents et cherche un certain réconfort dans des activités alternatives et plutôt… répréhensibles. Toujours à la pointe du progrès, et dans un monde où PitPit, le service de micromessagerie est en passe de devenir aussi populaire que Mamelouk, l’ourson se retrouve encore une fois embarqué malgré lui dans une nouvelle aventure avec sa famille et d’autres créatures. En profitera-t-il enfin pour changer vraiment un peu cette fois-ci? Les paris sont ouverts! Retrouvez-le lui et ses frères sur Mamelouk! Au fait, Balloo est aussi sur Speedygram et Globterest!
ÉPRIS DE MUSIQUE ÉLECTRONIQUE, ZÉBRI EST LE FRÈRE DE BALLOO ET LE PLUS ÂGÉ APRÈS LUI. Plus posé et tout aussi intelligent, il est un peu peureux, mais surtout envers les bandes de chats organisées du quartier. Malgré ses crises d’apnée du sommeil fréquentes, et parfois dans les endroits les plus inattendus, il fait souvent le lien entre son aîné et les deux plus jeunes dans ses moments d’éveil. La pause estivale voit le petit zèbre effectuer ses premiers pas comme disc jockey amateur, sous la férule d’un professionnel d’un côté et sous les yeux de son père de l’autre, et aussi pour se préparer à rejoindre la section de préparation au métier de platiniste-animateur nouvellement ouverte dans son école. Mais la foule grandissante qui succombe à ses enchainements torrides n’est-elle vraiment composée que d’admirateurs? Retrouvez-le lui et ses frères sur Mamelouk!
TOUKI, DIT TOUK-TOUK, ÉTAIT LE PLUS JEUNE AVANT L’ARRIVÉE DE SA SOEUR. C’est d’ailleurs auprès de celle-ci qu’il passe le plus clair de son temps… et de son énergie. Sa personnalité s’est affinée, mais son français reste encore toutefois à améliorer. Il est loin d’être évident par contre que ses goûts musicaux naissants fassent l’unanimité ni sa nouvelle coiffure surtout! Le curieux volatile demeure cependant un compagnon d’aventure absolument indispensable, doté de surprenantes ressources, sans cesse plus sollicitées! Retrouvez-le lui et ses frères sur Mamelouk!
HANS-PIERRE, LEUR PÈRE, EST TOUJOURS L’ANTIHÉROS PRINCIPAL DE NOTRE HISTOIRE. L’ex-banquier a su se réorienter, ne serait-ce encore qu’avec un succès mitigé, mais il se prépare avec enthousiasme à sa nouvelle formation et à la reprise d’un magasin dans la foulée. Dans l’attente, il vit de petits métiers et compte sur l’un de ses fils pour attirer la clientèle, mais aussi, et surtout sur la technologie pour appâter de nouvelles conquêtes… au grand dam de ses enfants. Retrouvera-t-il un jour une vie stable? La destinée, et pas seulement, semble malgré tout encore une fois avoir d’autres plans pour lui…
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Mani D. Bädle est né en 1969. Après une série de diplômes dont un MBA, il entame une carrière internationale dans diverses sociétés, essentiellement anglophones. Il profite de l’occasion pour voyager beaucoup, vivre à l’étranger surtout et s’imprégner comme s’inspirer des cultures qu’il croise sur son chemin.
Citoyen de Zurich, mais vraiment du monde et surtout du sien, il est responsable du marketing dans une startup de type «FinTech» et laisse libre cours à sa fertile imagination l’heure de la sortie venue. Mani se prête volontiers à l’exercice de l’interview sur la plateforme culturelle Aux Arts ou sur Littérature-Romande. L’auteur est fiancé et ne désespère pas de trouver le temps de se marier un jour. Entretemps, il tient ce blogue sur lequel lui et ses personnages reviennent sur la genèse des livres et l’actualité…
Féru d’arts martiaux, et en particulier de jiu-jitsu japonais, d’informatique et d’internet, Mani se consacre quotidiennement à l’écriture. En français comme en anglais, et il fait partie d’un club d’écrivains. Il publie lui-même ses romans, traduits en allemand par Miriam Pharo, écrivaine de science-fiction à succès outre-Rhin.